Aller au contenu

 

Un robot qui repousse les limites du réseau de la santé

Gabrielle Côté-Brochu fait l'expérience du Télérobot. Ce dernier est opéré à distance par Isabelle Matte, ergothérapeute au CLSC de Sherbrooke.
Gabrielle Côté-Brochu fait l'expérience du Télérobot. Ce dernier est opéré à distance par Isabelle Matte, ergothérapeute au CLSC de Sherbrooke.
Photo : Michel Caron

12 juin 2008

Diane Bergeron

Votre mère, 82 ans, s'est fracturé la hanche en sortant de son bain. À l'hôpital, on lui a implanté une prothèse pour ensuite lui donner son congé. La voilà de retour chez elle… après trois jours d'hospitalisation. Comment vous assurer que votre mère reçoit les soins dont elle a besoin? Et si un robot pouvait permettre à votre mère de recevoir le suivi personnalisé de plusieurs cliniciens dans le confort de son domicile?

Non, il ne s'agit pas de fiction, mais bien d'une invention mise au point par des chercheurs de l'Université de Sherbrooke. Mobile et intelligent, le Télérobot révolutionnera sous peu les soins de santé aux personnes âgées ou en perte d'autonomie.

«Il s'agit d'une première mondiale, affirme Patrick Boissy, spécialiste de la télésanté et professeur à la Faculté d'éducation physique et sportive. Bien que la télésanté soit en plein essor actuellement, aucun chercheur n'a développé de robot mobile dédié aux soins de santé à domicile.» L'équipe multidisciplinaire, qui planche sur ce projet depuis quatre ans, compte également les professeurs François Michaud et Michel Lauria, de la Faculté de génie, de même qu'Hélène Corriveau et Andrew Grant, de la Faculté de médecine et des sciences de la santé.

Le Télérobot permet à divers thérapeutes d'évaluer à distance les capacités d'un patient dans son environnement et de faire un suivi rapproché sur ses besoins. Évitant aux thérapeutes de se déplacer, cette innovation améliorera l'accessibilité aux soins de santé. Une bonne nouvelle pour le réseau de la santé, considérant le vieillissement des babyboomers et l'augmentation de l'espérance de vie.

«Nous sommes encore au stade de la recherche», signale le professeur François Michaud, qui estime que le produit pourrait être commercialisé dans quatre ans, suivant un scénario optimiste. «Il faudra compter trois ou quatre générations de prototypes avant de lancer le Télérobot, dit le professeur Patrick Boissy. Outre l'amélioration des performances techniques, nos recherches futures auront pour but de réduire les coûts de fabrication.» Plus qu'un engin muni d'une simple caméra, le Télérobot est équipé d'un système de vidéoconférence et d'une caméra haute résolution. Ce système sophistiqué permet à l'opérateur d'interagir avec la personne et son environnement. L'appareil intelligent peut également analyser son environnement et prendre des décisions. Il peut même suivre à la trace les mouvements d'un sujet dans une pièce.

Le Télérobot est le fruit des efforts de spécialistes de génie électrique et génie mécanique conjugués à ceux de spécialistes des sciences cliniques pour créer un prototype fonctionnel qui réponde aux besoins de divers cliniciens. Cette science se devait d'être accessible à divers utilisateurs. «Nous avons effectué des tests avec 38 personnes qui devaient opérer le robot sans formation. Tous ont réussi les tests. Même chose pour les 10 cliniciens qui devaient réaliser diverses tâches cliniques usuelles à domicile, et ce, après une formation de quatre heures», raconte Patrick Boissy.

Le volet clinique de ce projet de télésanté a été entièrement développé au Centre de recherche sur le vieillissement de l'Université de Sherbrooke, le plus important centre du genre au Canada.